À l’approche d’un des derbys les plus attendus du championnat belge, nous avons rencontré un ultra d’un grand club du pays.

Par souci d’anonymat, ni le nom du club, ni la tribune, ni aucun signe distinctif ne seront mentionnés.

Il a accepté de répondre à nos questions sur la passion, la ferveur et la réalité du mouvement ultra, loin des clichés et des rivalités.

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L’interview

Comment es-tu devenu ultra ? Qu’est-ce qui t’a donné envie de rejoindre un groupe ?

J’ai grandi pas loin du stade. Petit, j’entendais les chants jusque chez moi. Un jour, j’y suis allé avec un ami, et j’ai compris ce que c’était : une famille. Pas un club de supporters “classique”, mais un vrai groupe où tout le monde vit la même émotion. Petit à petit, tu donnes ton temps, ton énergie, et tu finis par faire partie de la tribune.

Que représente ton club pour toi, sans le nommer ?

C’est plus qu’un club. C’est une partie de ma vie. Quand ça va mal, je pense aux moments passés là-bas, aux potes, aux chants, à la fierté. Ce n’est pas rationnel, c’est viscéral.

Comment décrirais-tu l’ambiance dans ta tribune un soir de grand match ?

C’est une décharge d’adrénaline. Le cœur bat plus vite, la fumée monte, la tribune bouge d’un seul bloc. Pendant 90 minutes, tu oublies tout le reste. C’est un endroit où tu cries ce que tu ne peux pas dire ailleurs.

À quoi ressemble la semaine qui précède un derby ?

C’est tendu, mais excitant. Tu sens la pression monter, tu dors mal, tu vis pour le coup d’envoi. Tout tourne autour de ça : les tifos, les chants, les messages. Même au boulot, t’as la tête au match.

Qu’est-ce qui te motive à suivre ton club partout, parfois dans des conditions difficiles ?

Parce que c’est plus qu’un match. C’est une histoire d’honneur, de fidélité. Tu veux être là quand c’est beau, mais aussi quand c’est moche. C’est dans les défaites qu’on voit les vrais.

Comment vois-tu l’image des ultras dans les médias ? Est-elle juste selon toi ?

Franchement, non. On ne montre que les incidents, jamais le reste. Pourtant, il y a du travail derrière chaque animation, des actions solidaires, des collectes pour des associations, des heures passées à préparer des tifos. On ne vit pas pour le chaos, on vit pour la passion.

Y a-t-il des choses que tu aimerais que le grand public comprenne mieux à propos de votre monde ?

Qu’on n’est pas des fous furieux. On est des passionnés, parfois extrêmes, mais avec un code, une loyauté. Ce qu’on fait, on le fait par amour, pas par haine.

Quelle place prend cette passion dans ta vie quotidienne ?

Une énorme. Les matchs rythment mes semaines, mes vacances, mes économies. C’est une passion qui te prend tout, mais qui te donne aussi beaucoup.

Est-ce que tu penses que l’esprit ultra peut encore exister dans le football moderne ?

Oui, mais il résiste. Le foot devient un produit, les stades se transforment en centres commerciaux. Mais tant qu’il y aura des gens prêts à chanter sous la pluie pour leurs couleurs, l’esprit ultra vivra.

Quelles sont vos relations avec la police et les autorités lors des matchs ?

Disons qu’il y a de la méfiance des deux côtés. Parfois, on est traités comme des délinquants alors qu’on vient juste chanter. Évidemment, il y a des excès, mais la plupart veulent juste vivre leur passion sans être fichés. On aimerait juste être respectés comme n’importe quel autre supporter.

Selon toi, y a-t-il une vraie différence entre ultras et hooligans ?

Oui, il y en a une, mais elle n’est pas toujours aussi claire qu’on le croit. Le hooligan, c’est celui qui cherche le combat, qui vit pour l’affrontement. L’ultra, lui, vit pour le club, pour la tribune, pour l’ambiance.

Maintenant, faut être honnête : parfois, les deux se croisent. Quand la tension monte, quand un déplacement tourne mal, certains répondent. Ce n’est pas notre but, mais ça fait partie de la réalité. On ne va pas faire semblant de dire que tout est rose. Il y a des excès, mais aussi un code d’honneur. Ce n’est pas la violence gratuite, c’est souvent la conséquence d’un contexte, d’une rivalité, d’un trop-plein d’émotion.

Devient-on facilement ultra, ou faut-il mériter sa place dans le groupe ?

 Il faut la mériter. Tu ne débarques pas comme ça. Il faut prouver ton engagement, ton respect du groupe, ta fidélité. C’est une question de confiance. Tu gagnes ta place, tu ne la demandes pas.

Enfin, si tu devais résumer ce que signifie “être ultra” en un seul mot, lequel choisirais-tu ?

Fierté.

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