Dans une allocution grave et solennelle diffusée vendredi soir depuis l'extérieur du palais présidentiel, Volodymyr Zelensky a mis en garde son pays contre un choix qu’il qualifie de "très difficile" : préserver la dignité nationale ou risquer de perdre le soutien stratégique des États-Unis. Une référence directe à la pression exercée par l'administration Trump, qui pousse Kiev à accepter un plan de cessation des hostilités avec la Russie — un plan que le gouvernement ukrainien juge lourd de concessions.

Cette intervention, d’une dizaine de minutes, survient alors que l’Ukraine traverse ce que Zelensky décrit comme "l’un des moments les plus critiques de notre histoire". Le front militaire s’enlise, la lassitude internationale se fait sentir, et le débat américain sur l’aide militaire se polarise de plus en plus. Les prochaines semaines pourraient redessiner le cadre diplomatique du conflit.

Quelques instants avant son discours, le président ukrainien s'était entretenu avec le vice-président américain JD Vance au sujet de ce plan américain, présenté comme un cadre en 28 points pour mettre fin à la guerre. Mais selon une source proche de la présidence à Kiev, plusieurs dispositions sont jugées "inacceptables", notamment celles concernant le statut de territoires actuellement contrôlés par l’Ukraine.

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Un plan américain aux concessions lourdes

D’après les données de l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW), relayées par l’AFP, l’application de ce plan pourrait offrir à la Russie, sans le moindre combat, un gain territorial net d’environ 2300 km² — presque l’équivalent de la superficie du Luxembourg. L’Ukraine devrait notamment évacuer près de 5000 km² de la région de Donetsk, incluant des villes stratégiques comme Kramatorsk et Sloviansk, pour créer une zone tampon.

En contrepartie, Moscou restituerait environ 2000 km² de territoires contestés dans quatre régions ukrainiennes (Kharkiv, Soumy, Dnipropetrovsk et Tchernihiv). Un troc territorial que Kiev juge déséquilibré, susceptible de fragiliser son intégrité souveraine.

Zelensky : ni renoncement, ni rupture

Face à cette équation diplomatique, Volodymyr Zelensky assure vouloir éviter une confrontation frontale avec Washington, tout en préservant les intérêts fondamentaux de son pays.

"Je ne rejetterai pas simplement le plan américain. Je présenterai des arguments, je proposerai des alternatives", a-t-il affirmé, insistant sur la volonté de Kiev de rester un partenaire fiable sans renoncer à sa souveraineté.

Il a également rappelé les premiers jours de l’invasion russe : "Nous n’avons pas trahi l’Ukraine à l’époque, nous ne le ferons pas maintenant."

Washington met la pression, Kiev temporise

Dans une interview à Fox News Radio, Donald Trump a déclaré qu’il considérait jeudi comme une date limite pour que l’Ukraine accepte la proposition américaine. La Maison-Blanche, de son côté, presse Kiev d’examiner sérieusement ce plan, présenté comme une étape vers une "paix durable" — malgré les réticences ukrainiennes.

À Kiev, l’inquiétude grandit : le soutien américain représente le socle de l’assistance militaire occidentale. Or, sans Washington, l’Europe aurait du mal à suivre le rythme logistique et financier.

Un moment charnière

La diplomatie ukrainienne prépare désormais des contre-propositions — des "alternatives", selon Zelensky — pour éviter le piège d’un compromis jugé défavorable tout en préservant le dialogue avec son principal allié.

Dans les capitales européennes, on observe avec vigilance cette séquence critique. Car au-delà de l’enjeu militaire, c’est une question de principe qui est posée : jusqu’où l’Ukraine pourra-t-elle défendre sa souveraineté sans sacrifier son soutien international ?

Les prochains jours pourraient redéfinir non seulement l’issue de la guerre, mais aussi l’équilibre stratégique global entre Kiev, Washington et Moscou.

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